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Page:Gautier - Fusains et eaux-fortes.djvu/287

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FUSAINS ET EAUX-FORTES.

Théophile ne se retrouve pas dans sa prose ; il s’y raille au contraire des affectations qu’il ne se refuse pas toujours lorsqu’il écrit en langage métrique. La figure du pédant Sidias est tracée avec une amusante verve bouffonne, et il est permis de croire que, de cette caricature charbonnée sur la muraille d’un cabaret, Molière a tiré son Pancrace et son Marphurius. – La question « si odor in pomo est accidens » vaut bien celle des chapeaux.

Maintenant, arrivons aux persécutions qu’eut à subir Théophile. – Dans son Apologie, il les attribue à la rancune des jésuites, qu’il avait irrités en découvrant chez l’un d’eux le vice qu’on lui reprochait à lui-même, et cette raison paraît vraisemblable ; – ce jésuite était le Père Voisin ; – un autre de la confrérie, le Père Garasse, une de ces fortes gueules qui aboient d’après le mot d’ordre de leur parti, parla contre Théophile en chaire et composa un in-quarto d’injures à son adresse, intitulé la Doctrine curieuse, un vrai catéchisme poissard d’invectives théologiques et pédantes. – Théophile est traité d’ivrogne, de sodomite, d’athée, de veau (allusion délicate à son nom de famille), et des cendres remuées du bûcher de Lucilio Vanini, le bon Père tâche de faire jaillir une étincelle pour allumer les fagots sous le poète du Parnasse satyrique.

Les doctrines de Théophile sont-elles si damnables que le prétendaient ses adversaires ? – Nous ne le