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Page:Gautier - Quand on voyage.djvu/129

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l’Église grecque ; des chaînes dorées les relient aux clochetons. L’édifice, à l’extérieur, est tout en marbre blanc ; les fenêtres, les portes affectent la forme du plein cintre et sont bordées d’ornements byzantins ; aux feuillages des chapiteaux s’entrelacent des fantaisies merveilleusement sculptées. Vous reconnaissez le style russe, qui conserve encore le goût grec du Bas-Empire. Le palais de fée était un tombeau.

N’imaginez rien de lugubre et de funéraire. C’est la tombe d’une jeune et belle femme — la duchesse Élisabetha Michaëlovina, fille de l’empereur Nicolas, et première femme du duc de Nassau. Ici, la douleur s’est faite gracieuse, le deuil élégant, presque coquet, comme si rien de triste ne devait s’attacher à cette charmante mémoire.

Vous entrez ; — des babouches de feutre vous attendent à la porte, car vos talons pourraient rayer le pavement de mosaïques précieuses ; — des marbres de couleur revêtent les parois intérieures ; des colonnettes de jaspe soutiennent les arcatures. Les églises grecques diffèrent des églises catholiques, en ce que le chœur est masqué par un grand retable percé de portes par où sortent et rentrent les papes pendant l’office divin, dont