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Page:Gautier - Quand on voyage.djvu/131

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pour suivre plus en paix quelque agréable rêverie. L’attitude n’a rien de la roideur cadavérique, et le souvenir, en venant pleurer près de cette couche funèbre, n’éprouvera ni déception ni dégoût ; — la duchesse est aussi belle que pendant sa vie ; elle n’a de la mort que sa pâleur marmoréenne. Sa draperie, mollement fripée, n’affecte pas des plis de linceul et joue avec souplesse autour de ses formes juvéniles ; une couronne de roses ceint la tête légèrement inclinée vers une épaule. Cette statue fait honneur au talent d’Hopfgarten, que nous ne trouvons pas sans analogie avec celui de Pradier, et que nous louerons pour cette pudeur athénienne qui lui a fait éviter, dans un monument funèbre, les idées laides et tristes dont on accompagne ordinairement la mort.

À côté de l’édifice se cache à demi dans le feuillage une sorte de presbytère grec pour les popes qui desservent la chapelle ; ses arcades, portant sur des piliers trapus et formant cloître, s’harmonisent bien avec le caractère du monument.

Si vous continuez à gravir la colline par un chemin assez âpre, mais pourtant carrossable, vous arrivez à la Platte, un château de chasse bâti en 1824 par le duc Guillaume. Ce château est fort simple à l’extérieur.