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Page:Gautier - Quand on voyage.djvu/132

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Deux grands cerfs de bronze, modelés par Rauch, sont placés de chaque côté du perron. Pour visiter le château, il faut encore chausser les babouches de feutre, car les parquets sont faits en marqueterie de bois des îles d’une exécution très-soignée. La curiosité du lieu consiste dans la bizarrerie de l’ameublement, composé de bois de cerf ingénieusement mis en œuvre. Toutefois, nous avouons que ces fauteuils hérissés d’andouillers et de cors invitent peu à s’asseoir. Saint Hubert seul peut s’y trouver à l’aise. Des lustres faits de bois de cerf pendent des plafonds. Des massacres déploient leurs ramures à toutes les corniches et témoignent combien les forêts d’alentour sont giboyeuses, ou combien les chasseurs sont adroits. Dans les panneaux, l’on voit des peintures assez naïves représentant la vie du cerf avec ses divers épisodes, mais qui nous paraissent bien faibles à nous, accoutumé à la couleur titianesque et à l’énergique brosse du grand veneur Godefroy Jadin.

Un télescope, braqué d’une des fenêtres sur l’horizon immense et magnifique, permet d’apercevoir, à travers la gaze bleue du lointain, Mayence et ses églises rouges, le Rhin traversé par le pont de bateaux et fouetté par les palettes d’une ligne de moulins ; l’on peut même