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Page:Gautier - Quand on voyage.djvu/133

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distinguer, quand le soleil déchire la brume légère, les voitures, les cavaliers, les promeneurs, plus petits que des fourmis sur un fétu de paille.

On nous mena ensuite à une clairière de la forêt, pour voir le déjeuner des sangliers ; mais ces messieurs n’avaient pas faim apparemment et ne daignèrent pas sortir de leur bauge pour nous. Pourtant des fumées, des pistes et des abatis rencontrés à chaque pas, ne nous laissaient pas le moindre doute sur leur existence.

Notre séjour à Wiesbaden coïncidait avec l’entrevue des empereurs à Stuttgart ; et, malgré notre vif désir de voir les fêtes auxquelles cette rencontre devait donner lieu, nous n’osions risquer l’excursion, de peur de coucher à la belle étoile ; la lettre d’un ami, nous prévenant qu’une chambre nous était réservée à l’hôtel Marquardt, nous décida, et, le lendemain, nous étions à Stuttgart, que nous avons jadis trouvé si paisible en le traversant pour aller à Munich. Nous ne sommes pas un chroniqueur politique ; ainsi ne redoutez de notre part aucune conjecture saugrenue ou paradoxale sur les motifs de l’entrevue : nous ne soupçonnons pas ce que l’aigle à une tête et l’aigle à deux têtes ont pu se dire, et nous n’avons fait aucun effort pour le deviner.