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Page:Gautier - Quand on voyage.djvu/214

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travailla dix ans sans pouvoir se tirer des difficultés qu’il s’était créées. Ce fut Vasari qui exhaussa le plafond de plusieurs brasses, termina les travaux et décora les murailles d’une suite de fresques qu’on y voit encore et qui représentent différents épisodes de l’histoire de Florence, des combats et des prises de ville, le tout travesti à l’antiquité et entremêlé d’allégories. Ces fresques, brossées avec une médiocrité intrépide et savante, offrent tous les lieux communs de muscles ronflants et de tours de force anatomiques en usage à cette époque parmi le troupeau des artistes à la suite. Quoiqu’il s’agisse de l’histoire de Florence, on croirait voir des Romains de l’ancienne Rome, faisant le siége de Veies ou de toute autre ville primitive du vieux Latium, et ces fresques ont l’air de gigantesques illustrations du De Viris illustribus. Ce faux goût est choquant. Qu’ont à faire le casque classique, la cuirasse à lanières et les hommes tout nus dans la guerre de Florence contre Pise et Sienne ?

Un grand nombre de statues et de groupes placés dans des niches ou sur des piédestaux décorent cette salle ; nous ne les décrirons pas les uns après les autres, ce serait à n’en pas finir ; mais nous citerons l’Adam et Ève, de Baccio Bandinelli, une des meilleures choses du