Aller au contenu

Page:Gautier - Quand on voyage.djvu/8

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Rien ne nous presse. Il est doux de flâner et d’être longtemps en route quand on peut aller aussi vite que le vent. Qu’on pardonne à d’anciennes habitudes de versification cette métaphore tombée en désuétude et qui n’est plus en rapport avec les célérités modernes : le vent ne fait pas cinquante kilomètres à l’heure.

À Mantes la Jolie, nous voyons les tapissiers dresser, pour la réception de l’empereur, une tente de velours cramoisi à crépines d’or ; des guirlandes de fleurs, des trophées formés d’ustensiles de chemin de fer complètent la décoration.

On remonte en wagon, et nous voici à Caen. Laissons le train continuer sa route. Il y a longtemps que les aquarelles de Bonnington, de Roberts, de Prout, que les gravures des landscapes nous ont donné l’envie de voir Saint-Pierre de Caen. C’est un désir facile à réaliser. Nous sommes allés en Espagne, en Angleterre, en Belgique, en Hollande, en Allemagne, en Afrique, en Grèce, en Turquie, un peu partout, et nous n’avions pas encore trouvé un jour pour Saint-Pierre, qui en vaut bien la peine cependant. Tous les Anglais l’ont visité ; mais il faut être étranger pour voyager dans un pays.

En sortant de la gare, nous avons admiré une cheminée d’usine à vapeur. Cette cheminée est charmante et