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Page:Gautier - Spirite (Charpentier 1886).djvu/153

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assise pour que j’entendisse tout ce qui s’y disait, votre nom, prononcé par M. d’Aversac, excita ma curiosité. « Ce diable de Malivert, disait d’Aversac, est entiché de son pacha ; de son côté, le pacha raffole de Malivert ; ils ne se quittent plus. Mohamed, Mustapha, je ne sais trop comment il s’appelle, veut emmener Guy en Égypte. Il parle de mettre à sa disposition un bateau à vapeur pour remonter jusqu’aux premières cataractes ; mais Guy, qui est aussi barbare que le Turc est civilisé, préférerait une cange comme plus pittoresque. Ce projet sourit à Malivert qui trouve qu’il fait bien froid à Paris. Il aimerait assez hiverner au Caire et y continuer ses études sur l’architecture arabe commencées à l’Alhambra ; mais s’il va là-bas, j’ai peur qu’on ne le revoie jamais et qu’il n’embrasse l’islamisme comme Hassan, le héros de Namouna.

— Il en est bien capable, répondit un jeune homme mêlé au groupe ; il a toujours manifesté un goût médiocre pour la civilisation occidentale.

— Bah ! reprit un autre, quand il aura porté quelques costumes exacts, pris une douzaine de bains de vapeur, acheté aux Djellabs une ou deux esclaves qu’il revendra à perte, grimpé sur les pyramides, crayonné le profil camard du sphinx, il reviendra fouler tranquillement l’asphalte du boulevard des Italiens, qui est après tout le seul endroit habitable de l’univers. »