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Page:Gautier - Spirite (Charpentier 1886).djvu/177

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celles-là et entre leurs interstices, à des profondeurs de plus en plus vertigineuses, j’en apercevais d’autres et d’autres encore, de sorte que le fond du firmament n’apparaissait nulle part et que j’aurais pu me croire enfermée au centre d’une prodigieuse sphère toute constellée d’astres à l’intérieur. Leurs lumières blanches, jaunes, bleues, vertes, rouges, atteignaient des intensités et des éclats à faire paraître noire la clarté de notre soleil, mais que les yeux de mon âme supportaient sans peine. J’allais, je venais, montant, descendant, parcourant en une seconde des millions de lieues à travers des lueurs d’aurores, des reflets d’iris, des irradiations d’or et d’argent, des phosphorescences diamantées, des élancements stellaires, dans toutes les magnificences, toutes les béatitudes et tous les ravissements de la lumière divine. J’entendais la musique des sphères dont un écho parvint à l’oreille de Pythagore ; les nombres mystérieux, pivots de l’univers, en marquaient le rythme. Avec un harmonieux ronflement, puissant comme le tonnerre et doux comme la flûte, notre monde, entraîné par son astre central, circulait lentement dans l’espace, et j’embrassais d’un seul regard les planètes, depuis Mercure jusqu’à Neptune, décrivant leurs ellipses, accompagnées de leurs satellites. Une intuition rapide me révélait les noms dont les nomme le ciel. Je connaissais leur structure,