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Page:Gautier - Spirite (Charpentier 1886).djvu/55

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sonnage malencontreux avait fait envoler une occasion qui ne renaîtrait peut-être pas de longtemps, et qu’il coûtait à Mme d’Ymbercourt de provoquer ; car, à coup sûr, Guy ne la chercherait pas, et même l’éviterait avec soin. Quoique, dans des cas nettement définis, Guy eût montré de la décision et du courage, il avait une certaine appréhension de ce qui pouvait fixer sa vie d’une manière ou d’une autre. Son intelligence lui ouvrait toutes les carrières ; mais il n’en avait voulu suivre aucune, la route choisie l’eût peut-être détourné de la vraie voie. On ne lui connaissait pas d’attachement, excepté l’habitude sans charme qui le ramenait chez la comtesse plus souvent qu’ailleurs, ce qui faisait supposer entre eux des projets de mariage. Toute espèce de lien ou d’obligation lui inspirait de la défiance, et l’on eût dit que, poussé par un instinct secret, il tâchait de se conserver libre pour quelque événement ultérieur.

Après l’échange des premières formules, vagues accords par lesquels on prélude à la conversation, comme on interroge le clavier avant d’attaquer le morceau, le baron de Féroë entama, par une de ces transitions qui vous amènent en deux phrases de la chute de Ninive au triomphe de Gladiateur, une dissertation esthétique et transcendantale sur les plus abstrus opéras de Wagner, le Vaisseau fantôme, Lohengrin et Tristan et