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Page:Gautier - Spirite (Charpentier 1886).djvu/56

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Iseult. Mme d’Ymbercourt, bien qu’elle fût d’une assez grande force au piano et l’une des élèves les mieux exercées de Herz, n’entendait rien à la musique, et surtout à une musique aussi profonde, aussi mystérieuse, aussi compliquée que celle du maître dont le Tannhaüser a soulevé chez nous de si violents orages. Aux analyses enthousiastes du baron, elle répondait de temps à autre, tout en ajoutant quelques points à une bande de tapisserie qu’elle avait prise dans une corbeille placée près du fauteuil où elle se tenait d’habitude, non loin de la cheminée, par ces objections banales qu’on ne manque pas de faire à toute musique nouvelle, et qu’on adressait à Rossini tout aussi bien qu’à Wagner, telles que manque de rythme, absence de mélodie, obscurité, abus des cuivres, complication inextricable de l’orchestre, tapage assourdissant, et enfin impossibilité matérielle de l’exécution.

« Voilà une dissertation bien savante pour moi, qui ne suis en musique qu’un pauvre ignorant, ému par ce qui me semble beau, admirant Beethoven, et même Verdi, quoique cela ne soit pas bien porté, maintenant qu’il faut être, comme au temps des gluckistes et des piccinistes, pour le coin de la reine ou pour le coin du roi, et je vous laisse aux prises, ne pouvant apporter aucune lumière à la discussion, et capable tout au plus de pousser un hem ! hem ! comme le minime