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Page:Gautier - Tableaux de Siége.djvu/31

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reux lever au bout de sa ligne, où il frétillait comme un éclair d’argent, un goujon de la longueur du doigt.

Au delà du pont de la Concorde, la Seine s’infléchit un peu, ayant d’un côté l’hôtel de la Présidence et celui des Affaires étrangères, et de l’autre les allées du Cours-la-Reine, que dominent les combles vitrés du palais de l’Industrie, pareils au dôme d’une immense serre dont les vitres scintillent au soleil. Les belles lignes du quai donnent à tout ce parcours un aspect grandiose et monumental dont l’impression est solennelle.

Au pont de l’Alma, saluons le zouave et le soldat de ligne sculptés sur les piles dans une fière attitude et qui semblent garder le fleuve contre les approches de l’ennemi ; saluons aussi la coupole des Invalides damasquinée d’or comme un casque sarrasin, qu’on aperçoit là-bas brillant dans l’air bleu quand on tourne la tête vers Paris. On avait conseillé d’en éteindre la dorure sous un badigeon. Il ne le faut pas ! Qui oserait prendre pour point de mire l’asile du courage malheureux ! Et d’ailleurs qu’importe aux Invalides une cicatrice de plus !