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Page:Georges Eekhoud - Escal-Vigor.djvu/126

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ESCAL-VIGOR

la moindre dépendance, les écuries, les étables, les celliers, la grange, la basse-cour, trahissaient l’ordre, l’opulence et le gros confort.

Henry se montra de nouveau très empressé auprès de Claudie, s’intéressant à l’économie de la ferme, se faisant donner des explications par la fermière, s’arrêtant avec complaisance et sans montrer le moindre ennui devant des réserves de pommes de terre, de betteraves, de fèveroles ou de céréales qu’on lui montrait dans des greniers torrides ou des réduits humides et noirs. Il tomba plus d’une fois en arrêt devant certains travaux des gens de la ferme, prisant beaucoup, par exemple, le geste de deux garçons de charrue ; l’un debout sur une charretée de trèfle, l’autre campé à l’entrée de la grange et recevant sur sa fourche les bottes à fleurs de sang que lui lançait son camarade. Le teint rissolé, des yeux bleu de faïence, le sourire puéril de leurs grosses lèvres démasquant de saines dentures, ils peinaient crânement et Claudie les ayant hélés d’une voix gutturale et gaillarde, ils redoublèrent de plastiques et suggestifs efforts. Elle les stimulait à peu près comme elle eût flatté de vaillantes bêtes de somme.

Kehlmark s’informa du jeune Guidon, mais