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Page:Georges Eekhoud - Escal-Vigor.djvu/158

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ESCAL-VIGOR

diable ! Vous auriez bien tort d’aimer encore cet oublieux et dédaigneux aristo. Quelle duperie ! Ne voyez-vous pas qu’il a cessé de vous chérir…

Et comme elle relevait la tête, il lui fit signe, un doigt sur la bouche, d’écouter la chanson étrangement passionnée que le disciple chantait à son maître et, après un nouveau silence, durant lequel tous deux prêtaient l’oreille :

— Tenez, poursuivit-il à mi-voix, il s’occupe bien plus de ce petit rustre que de vous et moi, notre maître. Aussi, à votre place, je le planterais là et le laisserais s’adonner aux flatteries de ce polisson et de ces autres brutes de paysans… Ici, Blandine, vous vous consumerez de chagrin, vous sécherez de dépit. Votre beauté se fanera sans aucun profit pour la moindre créature du bon Dieu !… Si vous m’en croyez, ma chère, nous retournerons tous deux à la ville. J’en ai assez de la villégiature à Smaragdis. C’est à n’y pas croire, mais depuis que ce jeune sournois est entré au château, il n’y en a plus que pour lui ! Vous et moi, nous passons à l’arrière-plan. Quel assotement subit ! Deux doigts de la même main ne sont pas plus inséparables !

— Eh bien, qu’avez-vous à reprendre à cet atta-