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Page:Georges Eekhoud - Escal-Vigor.djvu/159

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ESCAL-VIGOR

chement ? fit Blandine en cherchant encore une fois à dominer ses préventions. Ce Guidon Govaertz est un gentil garçon, méconnu des siens, bien supérieur, tout nous l’a prouvé, par l’intelligence et les sentiments, à la masse de ces grossiers insulaires… Le comte a bien raison de faire un tel cas de ce pauvre enfant qui se rend d’ailleurs de plus en plus digne de ces bontés…

— Oui, d’accord ; mais monsieur exagère son patronage. Il n’observe pas assez les distances ; il témoigne vraiment trop de tendresse à ce morveux. Un comte de Kehlmark ne s’affiche point, que diable ! avec un ancien gardeur de vaches et de porcs…

— Encore une fois, que voulez-vous dire ?

Pour toute réponse, Landrillon plongea ses mains dans ses poches et se mit à siffloter, en regardant en l’air, comme une parodie de la chanson du petit pâtre.

Puis il sortit, estimant qu’il en avait dit assez pour le quart d’heure.

Blandine, demeurée seule, se reprit à pleurer. Sans penser à mal, quoi qu’elle fît pour s’en remontrer à elle-même, elle s’affligeait du commerce assidu du comte et de son protégé. Elle avait beau