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Page:Georges Eekhoud - Escal-Vigor.djvu/187

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ESCAL-VIGOR

troubler son idylle avec le jeune Govaertz, sinon je ne réponds plus de rien ! »

Blandine s’efforçait de l’amuser, de gagner du temps. Elle alla même jusqu’à lui promettre le mariage à condition qu’il se tairait. « Je tiens le marché, acceptait-il, mais il faut que tu paies comptant ! — Bah ! Rien ne presse, objectait Blandine, demeurons encore quelque temps ici pour arrondir notre magot ! »

Cette femme honnête, s’il en fut, se fit donc passer pour une coquine aux yeux de ce drôle, qui ne l’en admira que davantage, n’ayant jamais rencontré hypocrisie et dissimulation pareilles. Cette duplicité le ravit non sans l’effrayer un peu. La gaillarde ne serait-elle pas trop rouée pour lui ? Par malheur pour Blandine, il en devenait de plus en plus charnellement amoureux. Il aurait tant voulu prendre un pain sur la fournée ! disait-il. Blandine ne se défendait plus qu’à moitié, elle éludait la consommation du sacrifice, mais ne pourrait plus longtemps s’y soustraire. Landrillon redoublait de privautés.

À la vérité, jamais Blandine n’avait tant aimé Henry de Kehlmark. Aussi qu’on se représente son martyre : d’une part, exposée aux entreprises