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Page:Georges Eekhoud - Escal-Vigor.djvu/191

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ESCAL-VIGOR

— Ah, reprit-il, tu veux me séparer de cet enfant ! Tant pis pour toi ! Tu vas voir comme je me détacherai de lui. Et pour commencer, voici ma réponse à tes sommations. Désormais, Guidon ne me quittera plus. Il logera au château…

— Prenez garde… Je souffre tellement que je pourrais vous faire du mal sans le vouloir. Il y a des moments où je me sens devenir folle, où je ne réponds plus de moi !

— Et moi donc ! ricana le Dykgrave. Je suis à bout de patience. Tu l’as voulu, tu m’as forcé d’en venir à ces extrémités. Je t’épargnais, je me bornais à souffrir seul ; pour ne pas t’affliger, je te cachais ma plaie, mon secret. Malheureuse Blandine, je te ménageais, persuadé que toi-même tu te refuserais à me comprendre et que tu me renierais… Tu as voulu savoir, tu sauras tout. Sois tranquille, je ne te cèlerai plus rien. Vois, je ne te prie même plus de partir. Désormais, inutile de me moucharder. Ta jalousie ne te trompait point : c’est bien d’amour, d’amour le plus absolu que j’aime le petit Guidon… Je l’adore.

Elle jeta un cri d’horreur. L’amante et la chrétienne étaient atteintes également.

— Oh Henry pitié ! tu mens, tu n’as pu te dégrader…