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Page:Georges Eekhoud - Escal-Vigor.djvu/195

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ESCAL-VIGOR

d’elle, même à la détester, ne voyant dans son dévouement qu’une curiosité inquisitoriale et malsaine, qu’un raffinement de vengeance et de mépris. Elle s’ingéniait, s’imaginait-il, à le confondre, à l’accabler par son abnégation. Cet ange ne lui représentait qu’une tortionnaire subtile.

Et à la première occasion, le malheureux se répandait contre elle en invectives de plus en plus atroces.

À cette période, la beauté de Blandine reflétait l’évangélisme surhumain de ses sentiments ; cette beauté confinait même à la majesté de la mort. Mais un repos, un apaisement bien autrement absolu que celui du tombeau allait se faire en son cœur.

Harcelée par Landrillon, elle avait fini par se donner à lui. Elle avait offert sa pauvre chair en holocauste pour sauver l’âme de celui qu’elle croyait sacrilège et criminel ; chrétienne, sans doute pria-t-elle pour lui afin de l’arracher à la damnation, s’éleva-t-elle de tout son cœur vers l’ingrat au moment même où elle s’immolait entre les bras de l’odieux « chanteur ».

Le sacrifice se renouvela après chaque exigence