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Page:Georges Eekhoud - Escal-Vigor.djvu/196

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ESCAL-VIGOR

du drôle. Blandine respirait. Landrillon n’entreprendrait rien contre la réputation du comte. Elle comptait aussi sur un miracle. Kehlmark reviendrait de son erreur. Le ciel exaucerait le vœu de la sainte.


Des semaines s’écoulèrent. « Voilà longtemps que nous prenons du plaisir, ma fille, dit Landrillon, mais il ne s’agit pas seulement de la bagatelle ; il nous faut songer aux affaires sérieuses. Et pour commencer, nous allons nous marier.

— Bah ! Est-ce bien nécessaire ? fit-elle avec un rire forcé.

— Cette question ! Si c’est nécessaire ? Te voilà ma maîtresse et tu refuserais d’être ma femme !

— À quoi bon, puisque tu m’as eue…

— Comment, à quoi bon ? Je tiens à devenir ton époux. Ah çà, qu’espères-tu encore en restant ici ?

— Rien !

— Alors, quoi ! décampons. Assez de grappillages. C’est le moment de réunir nos petites économies en passant devant le notaire, puis devant le curé. Et bonsoir, Monsieur le comte de Kehlmark.

— Jamais ! fit-elle avec une énergie farouche,