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Page:Georges Eekhoud - Escal-Vigor.djvu/24

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ESCAL-VIGOR

exceller. Loin de bouder comme naguère aux péripéties des gageures violentes, il se distinguait par son intrépidité, son acharnement ; et lui qui, pour s’épargner la fatigue d’une ascension dans le Jura, se cachait souvent dans les souterrains, au fond des anciennes étuves de la maison de bains, brillait maintenant parmi les plus infatigables escaladeurs de montagnes.

Il demeura, en même temps que liseur et homme d’étude, grand amateur de prouesses physiques et de jeux décoratifs ; rappelant sous ce rapport les hommes accomplis, les harmonieux vivants de la Renaissance.

À la mort de la douairière qu’il adorait, il était venu s’établir dans le pays dont, depuis ses années de collège, il entretenait un souvenir filial et dont les habitants impulsifs et primesautiers devaient plaire à son âme friande d’exubérance et de franchise.

Les aborigènes de Smaragdis appartenaient à cette race celtique qui a fait les Bretons et les Irlandais. Au xvie siècle, des croisements avec les Espagnols y perpétuèrent, y invétérèrent encore la prédominance du sang brun sur la lymphe blonde. Kehlmark savait ces insulaires, tranchant