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Page:Georges Eekhoud - Escal-Vigor.djvu/259

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ESCAL-VIGOR

cambré, et son haleine précipitée par ses efforts le leur rendait plus savoureux et plus appétissant encore. Elles le bafouaient en le caressant ; le tâtaient, l’empoignaient au hasard, qui par un bras, qui par une jambe ; l’une lui faisant une ceinture, l’autre un collier de ses bras ; mais il se débattait ferme à présent ; se trémoussait pour de bon, et aurait même fini par leur échapper malgré leur acharnement.

Mais cette évasion eût fait encore moins le compte de Claudie que le leur. La résistance du jeune homme l’édifiait complètement sur sa froideur à l’égard de la femme. Landrillon n’avait rien inventé. En elle une jalousie terrible se donnait les apparences d’un vertueux mépris.

— Il se rendra ! Faut qu’il se rende ! hurlait-elle. S’il ne veut être à l’une de vous, il sera à toutes !

— À la rescousse, Landrillon ! appela-t-elle, car, en prévision d’une lutte inégale où elles auraient eu à faire à trop forte partie, elle avait aposté son complice dans les taillis de l’accotement. Un coup de main, Landrillon !

Il était temps : Guidon échappait à ses persécutrices en leur laissant entre les mains sa veste et même une partie de son tricot et de ses grègues.