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Page:Germain - Œuvres philosophiques, 1896.djvu/120

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environné uniquement des choses humaines, il n’hésiterait pas à affirmer que rien n’est plus absolu que ses nécessités intellectuelles. Sans doute même il irait plus loin et, à beaucoup d’égards, ses idées seraient contraires aux nôtre.

Ainsi, par exemple, j’ai dit comment nous sommes parvenus à établir que la matière ne pense pas. L’homme que je suppose ne connaître autre chose que lui-même et ses semblables, n’aurait pu imaginer qu’il y eût deux substances en lui. Aucune action extérieure ne l’eût fait songer à des individualités invisibles et douées de volontés. Il n’eût pas douté de l’unité de son existence ; et si, dans cette position hypothétique, des corps inertes lui eussent été présentés, il n’eût pu manquer de les croire doués de sentiment et de pensées. L’expérience seule aurait fini par réformer ce dogme que la matière ou l’étendue pense et rénéchit, veut et agit. Les enfants qu’on a soin de préserver du contact des objets extérieurs, attribuent l’intention de les frapper au corps dont le choc vient à les blesser. La loi du talion, loi de justice innée, les porte à rendre le coup qu’ils vien-