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Page:Germain - Œuvres philosophiques, 1896.djvu/197

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nous empêcher de mesurer l’étendue du mal, diminuant réellement, laisse à la réflexion le pouvoir de ne nous en montrer les diverses faces. Si la cause première a été moins puissante, son effet aura été connu plus tôt et l’affaiblissement de l’impression, loin d’augmenter notre chagrin, nous procurera, au contraire, un soulagement sensible.

Les lettres, les arts sont notre ouvrage ; leur but est notre bien-être. Leur première règle doit donc être de ne pas pousser leur action jusqu’à ce degré extrême qui trouble notre jugement, ou, si de grandes beautés peuvent résulter de ce genre d’impressions, il faut qu’ils se hâtent de nous tirer d’une position pénible, en transportant notre attention dans une région moins sombre.

On reproche à la littérature son épuisement, et au goût de l’exactitude, sa sécheresse. Il semble que l’imagination ait perdu sa puissance lorsque la raison établit son empire. Nous reconnaissons que les temps où des hypothèses, plus ou moins heureuses, formaient toute la richesse intellectuelle ; où l’homme, par conséquent, au lieu de chercher l’appui des vérités particulières, ou bien,