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Page:Germain - Œuvres philosophiques, 1896.djvu/198

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ce qui est la même chose, celui de la réalité des faits, trouvait en lui-même les convenances auxquelles il assujettissait la nature entière, étaient très favorables au développement de l’imagination. Alors il n’y avait point contraste entre une foule de doctrines hasardées et ce qu’on nommait la science. Les fictions poétiques étaient revêtues d’un charme qu’elles ne devaient pas seulement à leur grâce ; une demi-croyance permettait d’admettre qu’elles pouvaient avoir eu une sorte de réalité. L’histoire et la fable se confondaient dans leurs limites. Ce que les uns regardaient comme de simples allégories était, pour les autres, le récit de faits merveilleux. Cette disposition des esprits donnait sans doute à l’art de bien dire une importance, qu’il ne peut conserver au même degré lorsque la principale condition à remplir est celle de dire vrai. La faculté créatrice a disparu avec le crédit des fictions. Mais, s’il est aujourd’hui dans le caractère de notre culture intellectuelle d’attacher plus de prix à la solidité des doctrines qu’à leur brillant ; si nous voulons que la raison domine toutes les productions de l’esprit ; si même nous sentons le goût des recherches attiédir notre imagination, ne déses-