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Page:Germain - Œuvres philosophiques, 1896.djvu/348

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ses parents. Aujourd’hui encore elle est frappée, dans la plupart des pays, de nombreuses incapacités légales. En France, elle ne peut être témoin dans les actes de l’état civil ; elle ne peut être tutrice que de ses enfants ; elle perd sa nationalité s’il plaît à son mari de se faire Prussien, et elle est obligée de divorcer avec son époux, si elle ne veut pas divorcer avec son pays. Enfin, ce n’est que de nos jours qu’elle a pu conquérir l’indépendance et la dignité en passant les examens les plus difficiles, et en exerçant d’honorables professions qui longtemps lui avaient été interdites.

« Notre première préoccupation doit donc être de protéger la jeune fille contre sa misère native ; d’élever son intelligence et son cœur pour toutes les luttes de la vie ; de la rendre apte à l’exercice d’une profession trop souvent nécessaire et de la préparer surtout à remplir un jour dignement son rôle d’épouse et de mère de famille. C’est un enseignement de mieux en mieux adapté à sa nature, que nous devons chercher à lui donner, et, de même qu’il faut élever l’homme pour la Cité et les devoirs extérieurs, il faut élever la femme pour la direction de son ménage et l’éducation de ses enfants dont elle doit être la première, sinon la seule institutrice. Replacée ainsi par nous au rang qu’elle n’aurait jamais dû perdre, on ne dira plus :

Ce n’est rien,
C’est une femme qui se noie.