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Page:Germain - Œuvres philosophiques, 1896.djvu/384

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M. Hugo Gœring a fait plus et mieux ; il a traduit les Considérations générales sur l’état des sciences et des lettres, ainsi que les Pensées diverses, recueillies par H. Stupuy ; le tout est précédé d’une notice historique sur la vie et les travaux de Sophie Germain, notice à tous égards excellente, d’autant plus qu’elle est en grande partie la reproduction de celle de Stupuy.

Parmi les éloges qu’il adresse à cette femme éminente, il en est un qui, a mon avis, parait discutable, et mérite d’être discuté ; c’est le titre de précurseur (Vorläuferin) d’Aug. Comte, qu’il lui décerne quelque part. Le mot est-il juste ? Cela mérite examen.

Au point de vue purement chronologique, il est de toute évidence que Sophie Germain (1776-1831). a précédé Aug. Comte (1798-1857), et par suite se trouve être sa devancière. L’évidence est moindre en ce qui concerne les idées. Aug. Comte a pris date pour les siennes ; dès 1820 et 1822, en deux publications capitales, il a posé les bases de sa doctrine et en a fait ressortir les importantes conséquences sociales. Il n’en est pas de même pour Sophie Germain. On ignore absolument à quelle époque elle écrivit son opuscule philosophique, qui ne fut publié qu’après sa mort, par un de ses parents. Celui-ci affirme, il est vrai, qu’ « elle avait écrit ces feuilles dans les instants où les vives douleurs auxquelles elle a succombé ne lui permettaient pas de se livrer à l’étude des