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Page:Germaine de Stael - Lettres et pensées du maréchal prince de Ligne, Paschoud, 1809.djvu/103

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il y a un grand sac vert, comme celui où vous mettrez vos livres de prières quand vous serez dévote. Ce sac est rempli d’impériales, pièces de quatre ducats. Les habitans des villages voisins, et même de 10, 15 et 20 lieues, viennent sur notre passage pour voir l’Impératrice. Voici comme ils s’y prennent : un bon quart d’heure avant qu’elle arrive, ils se couchent ventre à terre, et ne se relèvent qu’un quart d’heure après que nous avons passés ; ce sont ces dos et ces têtes baisant la terre que j’écrase d’or, au grand galop ; et cela arrive dix fois par jour.

Je sais très-bien ce qui est escamotage : par exemple, l’Impératrice, qui ne peut pas courir à pied comme nous, doit croire que quelques villes pour lesquelles elle a donné de l’argent sont achevées, tandis qu’il y a souvent des villes sans rues, des rues sans maisons et des maisons sans toit, portes ni fenêtres. On ne montre à l’Impératrice que les boutiques bien bâties en pierres, et les colonnades des palais des gouverneurs-généraux, à quarante-deux desquels elle a fait présent d’une vaisselle d’argent de cent couverts. On nous donne souvent, dans les capitales des provinces, des soupers et des bals de deux cents personnes, ; Les fourrures, les chaînes d’or des femmes de