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Page:Germaine de Stael - Lettres et pensées du maréchal prince de Ligne, Paschoud, 1809.djvu/104

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marchands, et les espèces de bonnets de grenadiers ornés de perles annoncent la richesse. C’est un fort beau coup-d’œil, dans ces salles immenses, que les costumes des gentilshommes et de leurs femmes. Les gouvernemens d’Orient portent le brun, l’or et l’argent ; les autres, le rouge et le bleu céleste.

Il y a ici une des plus belles fabriques d’armes qu’on puisse voir ; outre cela on y travaille l’acier presque aussi bien qu’en Angleterre. Je suis couvert de présens, dont je ne sais que faire. L’Impératrice achète tout ce qu’il y a, pour le donner et encourager en même tems la manufacture.

J’ai un tabouret, un parapluie, une table, une canne, un nécessaire damasquine ; tout cela m’est fort utile, comme vous sentez bien, et commode à emporter.

Voyez, me disoit quelquefois l’Impératrice, en me montrant dans les gouvernemens de Karskoff et de Kursk, les champs aussi bien cultivés qu’en Angleterre, et une population presqu’aussi nombreuse ; voyez si l’abbé Chappe, qui ne voyoit rien à travers ses glaces de bois, fermées à cause du froid, n’a pas eu tort de prétendre qu’il n’y a que des déserts en Russie. Je ne garantis pas que quelque seigneur de village, abusant de son pouvoir,