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Page:Germaine de Stael - Lettres et pensées du maréchal prince de Ligne, Paschoud, 1809.djvu/214

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de rien, et que je n’ai d’autre besoin que de boire ton sang. Tu dis que je puis me fier à toi. Sache que, dans ce tems-ci, il ne faut se fier à personne : je te salue, voisin Terschitz.

Voici la réponse que je fis au nom du voisin Terschilz.

Je te salue, voisin Moustapha : ta lettre est bien celle d’un Turc. J’en suis bien aise, car j’ai cru qu’il n’y en avoit plus. Tu dis que tu veux boire mon sang. Je ne me soucie pas du tien. Car qu’est-ce que le sang d’un Aga ? Fais ce que tu veux. Viens quand tu peux. J’ai ordonné à mes gens de t’amener prisonnier, à la première occasion. J’ai assez envie de te voir. Bonjour, Aga Moustapha.

J’ai fait une petite légèreté l’autre jour. J’avois à écrire à Osman Bacha, au sujet d’un courrier de M. de Choiseuil, qui m’en envoie quelquefois. Je portai moi-même la lettre, c’est-à-dire que, dans une petite barque à drapeau blanc, signe de pourparler, j’allai avec mon truchement au pied de la forteresse, reconnoître le côté de mon attaque, qui, à ce que j’espère aura lieu dans un mois ou deux, au plus tard. J’eus le tems de tout examiner, jusqu’à ce qu’une barque chargée de plus de douze figures superbes ou atroces, (car chez