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Page:Germaine de Stael - Lettres et pensées du maréchal prince de Ligne, Paschoud, 1809.djvu/23

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aussi supérieurs, et souvent si étonnés de se trouver ensemble, étoit tout ce qu’on peut s’imaginer de plus agréable. Le Roi me dit de venir le voir la première fois que lui ou moi nous aurions trois ou quatre heures à nous.

Un orage comme il n’y en a jamais eu, un déluge, près duquel celui de Deucalion n’étoit qu’une pluie d’été, couvrit d’eau nos montagnes, et noya presque notre armée qui manœuvroit. Le lendemain fut, moyennant cela, un jour de repos. J’allai chez le Roi à neuf heures du matin, et j’y restai jusqu’à une heure, seul avec lui ; il me parla de nos généraux : je lui laissai dire, à lui-même, le bien que je pense des maréchaux de Lacy et Loudon, et je lui dis, pour les autres, qu’il valoit mieux parler des morts que des vivans ; que l’on ne peut jamais bien juger un général à moins qu’il n’ait eu de hauts faits de guerre dans sa vie. Il me parla du maréchal Daun. Je lui dis que je croyois qu’il auroit été un grand homme contre les François, mais que contre lui il n’avoit pas valu tout ce qu’il valoit, parce qu’il le voyoit toujours la foudre en main, comme Jupiter, pulvérisant son armée. Cela parut lui faire plaisir ; il me témoigna de l’estime pour le maréchal Daun ; il me dit du bien du général Brentano. Je lui demandai raison des