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Page:Germaine de Stael - Lettres et pensées du maréchal prince de Ligne, Paschoud, 1809.djvu/244

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soi. Il me semble que Votre Majesté ne se réjouit de ses victoires que par l’idée qu’elles avancent cette paix. Je souffre de voir Belgrade nous échapper, après la peine que je me suis donnée pour contribuer à la prendre. J’aurois réclamé mes quatre mois, très-brillans, à la vérité, mais abondans en canonnades, sorties et expéditions sur terre et sur mer, si jamais Oczakow avoit dû retourner au Croissant.

J’ai appris à plusieurs ministres anglois et prussiens qu’ils ne savoient ce qu’ils disoient quand ils prétendoient qu’Oczakow étoit la clef de la mer Noire ; et cela m’a fait réfléchir à toutes ces paix réglées par des commis qui, faute d’être instruits par les généraux employés dans la guerre, décident des limites sans connoître la géographie militaire et politique. C’est cependant des froids bureaux de ces habiles gens que sont partis tant de traités, à commencer par le Roi Nemrod, qui, à la vérité, ne fit pas les siens au nom de la Sainte-Trinité.

J’ai vu le Roi de Suède avec bien plus d’intérêt qu’auparavant ; il m’a dit assez plaisamment, que s’il avoit été Roi d’un autre royaume, il n’auroit par été si mauvaise tête, qu’à peine il auroit été brave. Je lui dis : — Sire, comme gentilhomme peut-être, ou tout au plus comme chevalier. — C’est cela, me dit-il