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Page:Germaine de Stael - Lettres et pensées du maréchal prince de Ligne, Paschoud, 1809.djvu/245

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avec sa vivacité assez aimable ; mais comme soldat, il faut être Roi de Suède pour prendre ce genre-là. — Je conçois, Sire, lui dis-je, que vos deux Gustaves et Charles XII ont gâté le métier. — Je ne puis régner, me répondit-il, que par l’opinion que je donne de ma personne ; et j’ai voulu apprendre à mes sujets, plutôt qu’aux ennemis, que je ne craignois pas le danger ; ma puissance n’est rien en comparaison de celle de mes voisins. Il falloit donc qu’on dît : si le Roi de Suède fait quelques sottises, Gustave III les soutient et les répare. J’ai peut-être cru mal à propos que j’étois offensé ; mais l’Impératrice estime ceux qui ne souffrent pas les offenses. Cependant, qu’en savez-vous ? que vous en a-t-elle dit ou écrit ? — Rien, Sire ; je ne l’ai pas vue depuis cette époque ; mais lorsqu’elle m’envoya votre manifeste, le nom de Pugatscheff me parut l’avoir irritée, et la modération dont vous vous vantez, parce que vous n’avez pas aidé ses adversaires à la détrôner… — C’étoit un trait d’humeur de ma part, interrompit-il avec mouvement ; je m’en suis repenti, mais point d’avoir déclaré la guerre. J’ai voulu savoir ce que j’avois de moyens et de talens. On m’a peut-être nommé avec quelqu’éloge : j’ai occupé la scène : il y a plus de gloire à résister à Catherine II, qu’à