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Page:Germaine de Stael - Lettres et pensées du maréchal prince de Ligne, Paschoud, 1809.djvu/36

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un jeune Prince à un vieux Roi, et un jeune militaire au plus grand des généraux. Un jour de confiance ils parlèrent politique ensemble. Tout le monde ne peut pas avoir la même politique, disoit le Roi ; elle dépend de la situation, de la circonstance, et de la puissance des États. Ce qui peut m’aller n’iroit pas à Votre Majesté : j’ai risqué quelquefois un mensonge politique. — Qu’est-ce que c’est que cela ? dit l’Empereur, en riant. C’est, par exemple, reprit le Roi, aussi fort gaiement, d’imaginer une nouvelle que je savais bien devoir être reconnue fausse au bout de vingt-quatre heures ; mais n’importe, avant qu’on s’en fût aperçu, elle avoit déjà fait son effet.

Quelquefois il y avoit des apparences de cordialité entre les deux souverains. On yoyoit que Frédéric II aimoit Joseph II, mais que la prépondérance de l’Empire et le voisinage de la Bohême et de la Silésie arrêtoient le sentiment du Roi pour l’Empereur. Vous vous ressouvenez, Sire, de leurs lettres au sujet de la Bavière, de leurs complimens, de l’explication qu’ils eurent sur leurs intentions ; explication qui se faisoit avec politesse, et que de politesse en politesse le Roi entra en Bohême.