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Page:Germaine de Stael - Lettres et pensées du maréchal prince de Ligne, Paschoud, 1809.djvu/49

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et ensuite il savoit écouter, ce qui n’est pas aussi aisé qu’on le croit, et ce qu’un sot n’a jamais su. Il étoit aussi agréable à tout le monde qu’à S. M., par ses manières séduisantes et la grâce de son esprit : — Pinto, qui n’avoit rien à risquer, se permettoit tout. — Demandez, Sire, au général Autrichien tout ce qu’il m’a vu faire lorsque j’étois au service de l’Empereur. — Un feu d’artifice pour mon mariage, n’est-il pas vrai, mon cher Pinto ? — Faites-moi l’honneur de me dire, interrompit le Roi, s’il a réussi ? — Non, Sire ; cela alarma même tous mes parens, qui crovoient que c’étoit un mauvais signe. M. le Major, que voilà, avoit imagine de joindre deux cœurs enflammés, image très-neuve de deux époux. La coulisse sur laquelle ils devoient se glisser manqua ; le cœur de ma femme partit, et le mien resta là. — Vous le voyez, Pinto ; vous ne valiez pas mieux chez eux que chez moi. — Oh ! Sire, dis-je alors, V. M., depuis ce tems-là, lui doit des dédommagemens pour les coups de sabre qu’il a reçus à la tête. Le Roi me dit : Il n’en a que trop. Pinto, ne vous ai-je pas envoyé hier de mon bon miel de Prusse ? — Oh ! sûrement, dit Pinto ; c’est pour le faire connoître : si V, M. pouvoit parvenir à en