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Page:Germaine de Stael - Lettres et pensées du maréchal prince de Ligne, Paschoud, 1809.djvu/52

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hivers. — Comment donc ? deux hivers en Bohême ! que diable faisiez-vous là ? y a-t-il long-tems ? Non, Sire ; il y a un ou deux ans : je m’étois retiré là pour lire à mon aise. — Il sourit, et eut l’air de me savoir bon grë de ce que je ne lui nommai pas cette petite guerre de 1778, dont il me sembla qu’il n’aimoit pas à parler : et, voyant bien que c’étoit pendant mes quartiers d’hiver que j’avois été en Bohême, il fut satisfait de ma retenue. Comme c’étoit un vieux sorcier qui devinoit tout, et dont le tact était le plus fin qu’il y ait jamais eu, il s’aperçut que je ne voulois pas lui dire que je trouvois Berlin changé depuis que j’y avois été. Je n’avois garde de lui rappeler que j’étois de ceux qui s’en étoient empares en 1760, sous les ordres de M. de Lacy ; c’étoit pour lui avoir parle de l’autre prise de Berlin par le Maréchal Haddik, que le Roi avoit pris M. de Ried en guignon.

À propos du docteur de Sorbonne avec qui il disputoit tous les jours : Faites-moi avoir un évêché pour lui, me dit-il une fois. — Je ne crois pas, lui répondis-je, que ma recommandation et celle de V. M. puissent lui être utiles chez nous. Oh ! non, dit le Roi ; j’écrirai à l’Impératrice de Russie pour ce pauvre diable : car il commence à m’ennuyer.