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Page:Germaine de Stael - Lettres et pensées du maréchal prince de Ligne, Paschoud, 1809.djvu/51

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compte, Sire, lui dis-je ; je sais tout ce que V. M. a fait, et même ce qu’elle a dit ; je puis lui raconter ses voyages à Strasbourg, en Hollande, et ce qui se passa dans un bateau. À propos de cette campagne sur le Rhin, un de nos vieux généraux, que je fais souvent parler, comme on lit un vieux manuscrit, me raconta qu’il fut bien étonné de voir un jeune officier Prussien qu’il ne connoissoit pas, dire à un général du feu Roi, qui expédioit verbalement l’ordre de ne pas aller au fourrage : — Et moi, Monsieur, je vous ordonne d’y aller ; notre cavalerie en a besoin : en un mot, je le veux. — Vous me voyez trop en beau, dit le Roi ; demandez ci ces Messieurs, et mes humeurs, et mes caprices. Ils vous en diront de belles sur mon compte.

Nous revînmes aux anecdotes cachées, ou consignées dans très-peu d’ouvrages. — Je me suis bien amusé, dis-je au Roi, de tout plein de livres, vrais ou faux, écrits par des réfugiés et qu’on ne connoît peut-être pas en France. Où avez-vous trouvé toutes ces belles choses-là ? cela m’amuserait le soir, plus que la conversation d’un docteur de Sorbonne que j’ai ici, et que je tâche de convertir. — J’ai trouvé tout cela, lui dis-je, dans une bibliothèque de Bohême, qui m’a désennuyé pendant deux