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Page:Germaine de Stael - Lettres et pensées du maréchal prince de Ligne, Paschoud, 1809.djvu/55

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Lettres à Madame la Marquise de C., pendant l’année 1787.



LETTRE PREMIERE.

De Kiovic.


SAVEZ-vous pourquoi je vous regrette, Madame la Marquise ? C’est que vous n’êtes pas une femme comme une autre, et que je ne suis pas un homme comme un autre : car je vous apprécie mieux que ceux qui vous entourent. Et savez-vous pourquoi vous n’êtes pas une femme comme une autre ? C’est que vous êtes bonne, quoique bien des gens ne le croient pas. C’est que vous êtes simple, quoique vous fassiez toujours de l’esprit, ou plutôt que vous le trouviez tout fait. C’est votre langue : on ne peut pas dire que l’esprit est dans vous ; mais vous êtes dans l’esprit. Vous ne courez pas après l’épigramme : c^est elle qui vient vous chercher. Vous serez, dans 50 ans, une Madame du Defant pour le piquant, une Madame Geoffrin pour la raison, et une Maréchale de Mirepoix pour le goût. A vingt ans vous possédez le résultat des trois siècles qui composent l’âge