dans cet intervalle, et ne demeura pas moins surpris
qu’elle, à la vue du spectacle qui s’offrait à ses yeux,
surtout de Suzon nue, couchée sur le dos, et qui se passait
un bras sur les yeux en portant la main de l’autre à
l’endroit coupable, comme si une pareille posture eût
pu dérober ses charmes aux regards d’un moine lascif.
Ce fut sur elle qu’il les porta d’abord. Les miens y
étaient fixés comme sur leur centre, et ceux de Toinette
l’étaient sur moi. La surprise, la rage, la crainte, rien
ne m’avait fait débander. J’avais le vit décalotté et plus
dur que le fer. Toinette le regardait. Cette vue obtint
ma grâce et me réconcilia avec elle. Je sentais qu’elle
m’entraînait doucement hors de la chambre. J’étais troublé,
je ne savais ce que je faisais. Nu comme j’étais, je
la suivis sans y penser, et tout cela se fit sans qu’il se
fût dit une parole de part ni d’autre.
Toinette me conduisit dans sa chambre. Je m’aperçus, quand nous fûmes entrés, qu’elle fermait la porte aux verrous. La crainte me retira alors de mon étourdissement. Je voulus fuir ; je cherchais quelque refuge qui pût me dérober au ressentiment de Toinette. N’en trouvant pas, je me jetai sous le lit. Toinette reconnût le motif de ma frayeur et tâcha de me rassurer.
— Non, Saturnin, me dit-elle ; non, mon ami, je ne veux pas te faire de mal.
Je ne la croyais pas sincère et je ne sortais pas de ma place. Elle vint elle-même pour m’en retirer. Je voyais qu’elle tendait les bras pour m’attraper, je me reculais ; mais j’eus beau faire, elle me prit, par où ? par le vit ! Il n’y eut plus moyen de me défendre. Je sortis au plutôt, elle m’attira, car elle n’avait pas lâché prise.
La confusion de paraître in naturalibus ne m’empêcha point d’être surpris de trouver Toinette elle-même toute