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Page:Gervaise de Latouche - Histoire de Dom Bougre, Portier des Chartreux,1922.djvu/141

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par la crainte de l’indisposer et de faire évanouir, par mon impatience, un reste d’espoir dont son réveil me flattait encore. Je cédai cependant à la démangeaison de porter la main sur sa gorge.

— Elle dort d’un sommeil trop profond pour se réveiller, disais-je, et quand elle se réveillerait, mettons les choses au pis, elle me grondera, voilà tout. Je l’ai bien fait hier, elle ne l’a pas trouvé mauvais ; le trouvera-t-elle aujourd’hui ? Essayons.

Je portai une main tremblante sur un téton, tandis que je jetais les yeux sur le visage, prêt à finir au moindre signe qu’elle ferait ; elle n’en fit pas, je continuai. À peine ma main osait-elle s’appesantir ; elle ne faisait, pour ainsi dire, que friser la superficie, comme une hirondelle qui rase l’eau en y trempant de temps en temps ses ailes. Bientôt j’ôtai l’éventail, et bientôt je pris un baiser : rien ne la réveilla. Devenu plus hardi, je changeai de posture, et mes yeux, animés par la vue des tétons à faire de nouvelles découvertes, voulurent descendre plus bas. Je mis la tête aux pieds de la dame, et collant mon visage contre terre, je cherchais à pénétrer dans l’obscur pays de l’amour, et je ne voyais rien. Ses jambes étaient croisées et la cuisse droite se trouvant collée sur la gauche mettait mes regards en défaut. Je voulus du moins me dédommager en touchant de l’impossibilité de voir. Je coulai la main sur la cuisse et j’avançai insensiblement jusqu’au pied de la montagne. Déjà je touchais du bout du doigt l’entrée de la grotte, je croyais n’en pas souhaiter davantage, je croyais y borner tous mes désirs. Parvenu à ce point, je ne m’en trouvai que plus malheureux. J’aurai voulu que mes yeux participassent au plaisir de ma main ; je la retirai, et je retournai à ma première place pour y exa-

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