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Page:Gervaise de Latouche - Histoire de Dom Bougre, Portier des Chartreux,1922.djvu/168

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laisser échapper, de le rappeler, de le laisser fuir encore pour le retrouver, enfin, en vous livrant tout entier à ses transports.

J’étais dans cette occupation ; la nuit était déjà fort avancée ; j’allais finir mon badinage pour m’abandonner au sommeil, quand, malgré l’obscurité, j’entrevis quelqu’un en chemise qui passait aux pieds de mon lit et qui disparut dans l’instant. Je fus moins effrayé que réveillé par une pareille vision. Je pensai que c’était cet abbé dont je vous ai parlé dans le portrait de mademoiselle Nicole. C’est lui, dis-je en moi-même, oui, c’est lui ; où va ce bougre-là ? Foutre Nicole ! Ira-t-il tout seul ? Non, parbleu ! car je le vais suivre.

Je me jette en bas du lit : j’étais en habit de combat, c’est-à-dire en chemise ; je savais les aîtres. Je gagnai un petit corridor où était la chambre de la belle. Je marchais à tâtons, et j’entrai à tâtons dans une chambre dont la porte n’était pas fermée ; je la repoussai et je m’approchai avec beaucoup de circonspection du lit où je croyais nos amants occupés à prendre leurs ébats. J’allongeais la tête, en prêtant une oreille attentive ; j’attendais que leurs soupirs m’apprissent si mon tour tarderait longtemps à venir. J’entendais respirer quelqu’un, mais ce quelqu’un paraissait être seul.

Ne serait-il pas venu ? dis-je alors bien étonné. Non, assurément, il n’y est pas, poursuivais-je, en redoublant d’attention. Il n’y est pas. Oh ! parbleu ! monsieur l’abbé, vous n’en tâterez, ma foi ! que d’une dent. Dans le moment, je coulai ma main entre les jambes de la belle dormeuse, et je me hasardai à lui donner un baiser sur la bouche.

— Ah ! me dit-on d’une voix basse, que vous vous êtes fait attendre ! Je dormais ; montez donc.