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Page:Gervaise de Latouche - Histoire de Dom Bougre, Portier des Chartreux,1922.djvu/218

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pables aux yeux du Souverain Être si elles n’avaient pas travaillé de tout leur pouvoir à rétablir ce qu’ils venaient de détruire. Loth, lui-même pénétré de cette vérité, y contribua de tout le sien. Voilà la nature dans sa première simplicité. Les hommes, soumis à ses lois, regardaient l’obligation de les exécuter comme leur premier devoir ; mais bientôt corrompus par leurs passions, ils oublièrent la volonté de cette tendre mère ; ils ne voulurent pas rester dans l’état heureux où elle les avait placés ; ils renversèrent tout, ils se forgèrent des chimères qu’ils qualifièrent de vertus et de vices ; ils inventèrent des lois qui, bien loin d’augmenter le nombre de leurs prétendues vertus, n’ont fait qu’augmenter celui de leurs prétendus vices. Ces lois ont fait les préjugés, et ces préjugés, adoptés par les sots et sifflés par les sages, se sont fortifiés d’âge en âge. Il fallait donc que ces impertinents législateurs, en renversant les lois de la nature, refondissent les cœurs qu’elle nous avait donnés ; il fallait qu’ils réglassent nos désirs, qu’ils y missent des bornes, et puisqu’ils prétendaient qu’on ne pouvait goûter les plaisirs de l’amour qu’avec une seule femme, et même après certaines formalités, il fallait qu’ils restreignissent les désirs de chacun pour un seul objet, qu’ils ne fissent naître ces désirs qu’après certaines formalités, et les conservassent toujours les mêmes. Ils ne l’ont pu faire : la nature, au fond de notre cœur, réclame contre leur injustice. En un mot, la fouterie sans distinction est d’institution divine, c’est un précepte gravé par la main du Créateur, et la fouterie distincte est d’institution humaine, et l’une est aussi élevée au-dessus de l’autre que le ciel l’est au-dessus de la terre.

Peut-on, sans se rendre criminel, écouter l’homme