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Page:Gervaise de Latouche - Histoire de Dom Bougre, Portier des Chartreux,1922.djvu/217

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vinrent qu’ils avaient eu tort de vouloir me faire une pareille surprise. Il n’y eût qu’un coquin d’entre eux qui voulut entreprendre de me convertir.

— Pauvre sot, me dit-il, quoi ! tu es assez simple, pour t’effrayer d’une action aussi indifférente ? Parlons raisonnablement. Dis-moi un peu : qu’est-ce que la fouterie ? La conjonction d’un homme et d’une femme. Cette conjonction est ou naturelle ou défendue par la nature. Elle est naturelle, puisqu’il est vrai que les deux sexes ont dans le cœur un penchant invincible qui les porte, qui les entraîne l’un vers l’autre, si ce penchant est dans le cœur de l’homme et de la femme indistinctement. L’intention de la nature était donc qu’on le satisfit indistinctement l’un avec l’autre, et la preuve s’en tire du livre même dicté par le Saint-Esprit.

Dieu dit à nos premiers parents : croissez et multipliez. Ils étaient seuls. Comment Dieu entendait-il que la multiplication se fît ? Adam suffisait-il tout seul pour peupler la terre ? Adam faisait des filles, il les foutait. Eve avait des fils ; ils faisaient avec elle ce que leur père faisait avec leurs sœurs, ce qu’ils faisaient eux-mêmes quand l’occasion s’en présentait. Descendons au déluge. Il ne restait dans le monde que la famille de Noë ; il fallait bien nécessairement que les frères couchassent avec leurs sœurs, les fils avec leur mère, le père avec ses filles, s’ils voulaient repeupler la terre.

Allons plus loin ; Loth fuit de Sodome ; ses filles, qui avaient toujours devant les yeux l’intention du Créateur, et qui venaient de voir leur bonne femme de mère changée en statue pour avoir été trop curieuse, s’écrièrent dans l’amertume de leur cœur : « Hélas ! le monde va donc finir ! » Elles auraient crû se rendre cou-