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Page:Gervaise de Latouche - Histoire de Dom Bougre, Portier des Chartreux,1922.djvu/241

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plus précieux, son pucelage. Il faut user d’adresse pour lui enlever ce charmant bijou.

Fixez-vous à ces jeunes dévotes : je prévois qu’il n’y a qu’elles qui puissent vous guérir ; gardez-vous cependant de vous livrer sans ménagement à la vivacité que pourrait vous inspirer l’espérance de votre guérison. On court moins de risque à expliquer ses sentiments à une femme que l’usage a aguerrie, qu’à une jeune personne chez qui la passion n’a pas encore triomphé des préjugés de l’éducation. Une femme vous entend à demi-mot ; son cœur a déjà fait la moitié du chemin avant que votre bouche lui ait appris vos désirs. Il n’en est pas de même d’une jeune fille ; mais s’il est plus difficile de la vaincre, la victoire en est bien plus douce. Je vais vous en tracer la route.

Dans toutes, vous trouverez un penchant naturel pour tous les plaisirs de l’amour. Le grand art est de savoir manier ce penchant. Telle qui paraît sous un habit modeste, sous un air mortifié, les yeux baissés et la démarche composée, couvre un feu caché sous la cendre, toujours prêt à s’allumer au premier vent de l’amour. Parlez ; sûres de trouver dans un pareil commerce, dont le mystère met leur réputation à l’abri de la médisance, toutes les douceurs qui peuvent les consoler de leur défaite, elles n’opposeront qu’une faible résistance à vos premières attaques ; pressez, votre victoire est certaine.

D’autres, dont le tempérament est moins vif, moins impétueux, donneront plus d’exercice à votre adresse. Avec celles-ci, mêlez les caresses de l’amant aux remontrances du directeur ; échauffez leur naturel par des discours débités avec art ; informez-vous adroitement des progrès qu’elles ont faits dans la science de se procurer