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Page:Gervaise de Latouche - Histoire de Dom Bougre, Portier des Chartreux,1922.djvu/253

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bras de la mort même. Nos culs se levaient et se baissaient comme des flots agités par l’orage ; nos corps étaient comme deux barres d’acier qui sortent de la fournaise. Nous nous tenions si étroitement embrassés, qu’à peine pouvions-nous respirer. Il semblait que nous craignissions que le moindre intervalle n’anéantît nos plaisirs. Le lit ne pouvait plus soutenir nos secousses, il suivait l’impression de nos corps, il craquait effroyablement. Une douce ivresse succéda bientôt à nos efforts, et nous nous endormîmes couchés l’un sur l’autre, étroitement serrés, langues en bouche et vit en con.

L’aurore nous trouva dans la même posture où nous nous étions endormis, et soit que l’imagination, agissant sur nos corps pendant le sommeil, eût fait distiller cette eau délicieuse qui annonce par sa quantité le degré du feu intérieur, soit que nous eussions déchargé machinalement, nous nous réveillâmes tout trempés, les draps étaient inondés, et le matelas même avait participé à nos plaisirs. Nous ne fûmes pas longtemps à les renouveler. Le repos m’avait rendu assez de forces pour vous faire penser que je m’en acquittai monacalement. Je ne dirai pas combien de fois : je n’eus pas la peine d’enconner. Je passe rapidement à vous informer du sujet qui avait jeté ma dévote entre mes bras.

Je lui voyais un air d’inquiétude et de tristesse qui me pénétrait. Je la priai tendrement de s’expliquer et d’être persuadée que je remédierais à sa douleur, à quelque prix que ce fût.

— Perdrai-je ton cœur, cher Saturnin, me dit-elle en me regardant languissamment, quand je t’avouerai que tu n’es pas le premier qui m’ait fait goûter les plaisirs de l’amour ? Rassure mon cœur contre une crainte dont