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Page:Gervaise de Latouche - Le Portier des Chartreux, 1889.djvu/134

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Eh quoi ! brave Saturnin, n’aviez-vous pas vos quatre doigts et le pouce pour vous soulager ? Comment font ces cafards de prêtres, ces hypocrites dont le cœur est corrompu ? On ne trouve pas toujours un bordel, une dévote sous la main ; mais on a toujours un vit : on s’en sert, on se branle. Je le savais, mais il n’y avait pas longtemps que, pour m’en être trop donné, je me trouvais brisé, moulu. En garde contre la tentation, je me branlotais et faisais venir le plaisir jusqu’à ma portée. Quoiqu’il ne soit pas si grand que quand on fait le cas, on a toujours la faculté de le répéter autant de fois qu’on le juge à propos. L’imagination se joue, voltige sur les objets, qui nous charment les yeux. Avec un coup de poignet, on fout la brune, la blonde, la petite, la grande ; les désirs ne connaissent pas l’intervalle des conditions ; ils vont jusque sur le trône, et les beautés les plus fières, forcées de céder, accordent ce qu’on leur demande. Du trône on descend à la grisette ; on se représente une fille timide, neuve sur les plaisirs de l’amour et qui ne connaît la nature des désirs que par ceux qu’elle ressent. On lui donne un baiser ; elle rougit ; on lève un mouchoir qui cache une gorge naissante ; on descend plus bas : on y trouve un petit conin chaud, brûlant ; on lui fait faire une résistance que le plaisir augmente, diminue, fait évanouir à son gré. Le plaisir est vif et pétillant. Semblable à ces feux qui sortent de la