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Page:Gervaise de Latouche - Le Portier des Chartreux, 1889.djvu/133

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s’ouvrit bientôt à un torrent de larmes ; j’en versais encore quand Toinette entra. Sa vue m’épouvanta ; je tremblais qu’elle ne vînt me confirmer un malheur que je craignais, et je mourais d’envie de l’entendre. Il n’en fut pas question. Son silence à ce sujet, joint à celui de tout le monde, me fit croire que ma douleur était sans fondement. Je pensai que Suzon en avait été quitte comme moi de la frayeur. Le chagrin que j’avais ressenti de sa mort fit place à la curiosité de savoir ce qui s’était passé dans la chambre après mon départ ; mais c’était une curiosité que je ne pouvais satisfaire qu’après mon rétablissement.

Les deux jours de repos que Mme Dinville m’avait accordés étaient expirés ; nous étions au troisième, et quoique je commençasse à me sentir mieux, je ne fus point tenté d’aller chercher de l’exercice au château. Je ne songeais cependant qu’avec chagrin à l’obstacle que cette funeste aventure avait mis au plaisir que je m’étais promis d’avoir avec Suzon. Cette réflexion me fit penser aux pastilles de Mme Dinville : je mangeai ce qu’il m’en restait. Je ne dirai pas si leur effet fut vif ou lent ; mais, après avoir profondément dormi, je fus réveillé par la force de l’érection que je sentais. J’en étais effrayé, et j’aurais craint pour mes nerfs si la même chose ne me fût pas arrivée chez Mme Dinville. Qu’on rie de mon embarras ; qu’on dise si l’on veut :