Aller au contenu

Page:Gervaise de Latouche - Le Portier des Chartreux, 1889.djvu/153

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.


SECONDE PARTIE



J’entre dans une nouvelle carrière. Destiné par mon état à grossir le nombre des pourceaux sacrés que la piété des fidèles nourrit dans l’aisance, la nature m’avait donné les plus belles dispositions pour cet état, et l’expérience avait déjà commencé à perfectionner ses présents.

La sincérité n’a plus besoin de faire son éloge pour persuader. Il se trouve pourtant des faits hors de la règle ordinaire : tels sont ceux que je vais rapporter. Si la vraisemblance n’y est pas ménagée, c’est que ce ne sont pas ici de ces jeux de l’imagination que l’on compasse, que l’on manie avec adresse pour ménager la crédulité du lecteur, mais qu’ils sont vrais, et que la vraisemblance ne porte pas toujours le caractère de la vérité. Dois-je craindre, après tout, que l’on trouve étrange de voir des moines scélérats, débauchés, corrompus, qui croient qu’on est assez honnête homme quand on n’est pas reconnu pour fripon ; qui, sous le masque de la religion dont ils se jouent, rient de la crédulité du peuple, et