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Page:Gervaise de Latouche - Le Portier des Chartreux, 1889.djvu/192

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ment de donner à cela la première leçon du plaisir amoureux ! Vivat ! je suis guéri, je bande comme un carme : pourquoi ne pas dire comme un célestin ? valent-ils moins que les autres ? Mais ma dévote me regarde : sa mère lui aurait-elle parlé de moi ? Ah ! vite, apaisons le feu que sa vue m’inspire : branlons-nous ! Le roulement d’yeux que me causait le plaisir fut pris pour un excès de dévotion. Le plaisir que j’avais en me branlant à l’intention de ma dévote m’était un sûr garant de celui que j’aurais si j’en pouvais faire davantage. J’attendais de mon adresse un bonheur que le hasard me procura quelques jours après.

J’étais un jour sorti du couvent. Le portier, quand je rentrai, me dit, en m’ouvrant la porte, qu’une jeune dame m’attendait et voulait me parler. Je courus au parloir ; mais, ô surprise ! je reconnus ma dévote. Me voyant, elle se jeta à mes pieds. — Ayez pitié de moi ! me dit-elle en pleurant. — Qu’avez-vous donc ? lui demandai-je en la relevant. Parlez, le Seigneur est bon, il voit vos larmes, ouvrez votre cœur à son ministre. En voulant parler, elle tomba évanouie dans mes bras, Que faire ? J’allais crier au secours, quand la réflexion me dit : Où vas-tu ? attends-tu une plus belle occasion ? Je m’approche de ma dévote, la délace, lui découvre la gorge. Jamais plus beau sein ne s’offrit à ma vue. En écartant sa robe et sa chemise, je crus ouvrir le paradis. Je fixai mes yeux sur deux globes blancs et fermes comme le