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Page:Ghil - De la poésie scientifique, 1909.djvu/20

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de la poésie scientifique

contenait, avec les primes indications de plan de mon Œuvre de demain, les nettes déclarations qui, retravaillées et développées, allaient déterminer le mouvement de « Poésie scientifique ».

Mallarmé m’avait écrit : « Peu d’œuvres jeunes sont le fait d’un esprit qui ait été, autant que le vôtre, de l’avant. Ce que je loue avant tout, c’est cette tentative de poser dès le début de la vie la première assise d’un travail dont l’architecture est sue dès aujourd’hui de vous, et de ne point produire au hasard… Il y a lieu de s’intéresser énormément à votre effort d’orchestration écrite. »[1]

Cette révolutionnaire Introduction démontrait donc la nécessité pour la poésie de partir désormais des données de la Science, et de s’émouvoir des idées modernes. La Vie que ma volonté voulait exalter, elle devait être complexe, de sens universel. J’appelai les poètes aux poèmes cosmogoniques et ethniques, — et à chanter, hors de l’égotisme, les énergies nouvelles. Je donnai entrée dès lors dans le domaine poétique « à la poésie des milieux modernes, des villes, des champs », aux activités ouvrières, les usines, les trains par les horizons, les travaux aux âmes mécaniques, l’œuvre dès champs, — et les Banques et l’Or !…[2]


  1. Lettre publiée, pour la première fois, et en entier, en une Étude sur moi du poète russe Valère Brussov. (Viessy (La Balance), Moscou, décembre 1904).
  2. « Son livre de début, Légende d’âmes et de sangs, qui révélait un poète ne procédant d’aucun maître, et dont la préface, où il donnait les grandes lignes de l’œuvre qu’il méditait, laissait pressentir les théories de musique que le Traité du Verbe devait répandre avec éclat, d’un coup attira sur lui l’attention. C’est en rendant