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Page:Ghil - De la poésie scientifique, 1909.djvu/31

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de la poésie scientifique

durées), M. Gustave Kahn a créé une évidente indétermination Rythmique, — qu’entre autres apercevait M. Albert Mockel…


Or, l’on a reproché au « Symbolisme » de manquer du sens, moderne et général, de la Vie…

Fondé pour la plupart des « Symbolistes » et des plus en vue, chez qui la poursuite musicale et rythmique ne laissa place à des préoccupations d’Idée, et dont les œuvres se présentent comme des illustrations de leurs recherches en la prosodie et l’analogie Symbolique, — ce reproche tombe dès qu’il s’agit de Verhaeren et de Viélé-Griffin.

Notre aîné de près de dix années, à nous tous qui venions, M. Émile Verhaeren avait donné deux recueils de vers, en 1883 et 1886. Rien n’indique une intuition, ni, en le second volume, une approche du grand mouvement poétique qui venait de naître. Mais c’est, en ces poèmes, dès lors, un tempérament rude et puissant qui, s’il cherche encore sa voie, s’exprime aussi en visions robustes de nature, comme sacrées d’on ne sait quel total émoi mystique — venu d’atavismes profonds. Le verbe en était de mouvement romantique, alourdi de graves sonorités. Ce sera là la double caractéristique du superbe talent de Verhaeren.

Cette essentielle émotion créera plus tard, en toute son œuvre, cette sorte d’atmosphère hallucinée, hallucinante, dont s’imprègnent ses évocations les plus modernes et les plus actives. Tandis que son art romantique, alors même que plus synthétique, sera avec ampleur ainsi que le son premier auquel viendront s’harmonier tous échos par lui recueillis de l’entour poétique…